LIVRE D’ARTISTE en auto-édition – tirage sur papier Vélin d’Arches, 160 et 300 g/m² à 25 exemplaires
Vents de Liberté en Cévennes, un pays de turbulences et de remous…
Texte, dessins, aquarelles et photos retouchés : Hervé Grimal
36 pages dont 34 pages illustrations
Dimensions : 28 cm x 14 cm et dépliées : 10,08 m x 0,14 m
Tirage à 25 exemplaires numérotés et signés
Année : 2015
Prix : 170 euros – frais de port offerts
Bribes du texte :
– À l’origine -, la pièce de théâtre de Lionnel Astier « La Nuit des Camisards (1) », mise en scène de Gilbert Rouvière pour les spectacles de Alès en Cévennes.
Les trois fayards, sur le Bougès en Lozère, témoin cévenol de ce sauvage berceau de l’insurrection des camisards, au début du XVIIIe siècle, une cinquantaine d’hommes armés de quelques fusils, pistolets, de haches, de faux et de bâtons, se regroupèrent avec la volonté de libérer les prisonniers de l’Abbé du Chayla. En fin d’une journée d’été, ces insurgés se dirigent vers le Pont-de-Montvert en chantant des psaumes, ils mettent le feu purificateur, ils libérent les prisonniers et tuent l’Abbé du Chayla. Après trente ans de souffrances et de persécutions, l’embrasement au Pont-de-Montvert a déclenché la guerre des Camisards. Pendant deux ans, au rythme des saisons, au rythme des moissons (ils devaient engranger pour survivre avant de reprendre les armes). Devant l’impossible, dans cette région, ils ont vécu l’insupportable.
« Nous avions toujours imaginé jouer ce spectacle sur le lieu même où a commencé la guerre des Camisards. Nous jouerons donc à Champlong – la dernière représentation de l’été -, à côté du site des Trois fayards.*» Gilbert Rouvière, metteur en scène
Soir après soir, le spectacle vivant est là, présent…
Au crépuscule, en habit de représentation, les acteurs passent entre nous et prennent le sentier montant vers la forêt.
– « C’est assez fou de jouer dans les bois, tous les soirs on découvre quelque chose, l’évolution est là, nous avons besoin des mots des autres, en jouant dehors, on est sous le même ciel que les spectateurs.* »
À pas lents, nous suivons un couple de camisards, les murmures de la forêt nous apostrophent. Nous sommes interpellés tout au long du chemin, tous vociférent des propos tentant de justifier des actes souvent impulsifs et répressifs. Peu à peu nous nous trouvons hors du temps, tout devient immuable, nous pénétrons un monde aux antagonismes extrêmes. Palabres, respirations, querelles, le tout ponctuant d’interminables discours. Le souffle créateur aurait-il envahi ces vallées cévenoles où se sont développées l’idée d’inspiration et la verve de la faconde des prophètes mystiques ou chefs de guerre ? Là où la ponctuation est plus ou moins marquée par le silence de la voix protectrice, qui s’élève dans l’obscurité croissante, puis, dans les ténèbres nocturnes des soirées tourmentées où les paroles s’envolent et se dissipent au gré des rafales.
Un refuge, une clairière pour les assemblées, une scène en forme de croix, les quatre angles ont été évidés de leur terre pour accueillir les spectateurs assis sur des rondins ; le confort est rustique rappelant peut-être la rigueur et l’austérité des commodités de ces contrées hautement marquées par cette religion. Au centre, balancée par les vents, une sphère luminescente éclaire le cœur de la forêt. Des cris, les angoisses et les colères pénètrent ces personnages tourmentés. Ils gesticulent, ils sont volubiles, leur éloquence est frénétique, ils haranguent les foules. Les haines, les exécrations emplissent l’âme de ces victimes. Ils ont été marqués par d’extrêmes violences, leurs parents, leurs amis, leurs voisins, ont été déportés, emprisonnés, condamnés aux galères, – « les galériens, des esclaves que l’on estime moins que les bêtes* », ou pendus, fusillés… en exemple, les têtes coupées de révoltés, tout est prétexte à des mises en scène macabres pour les briser et les terroriser. Certains ont quitté le pays, des notables, des artisans, des pasteurs…
Ce peuple n’a jamais oublié, il est debout et toujours fier.
frais de port offerts