LIVRE D’ARTISTE en auto-édition – tirage sur papier Vélin d’Arches, 160 et 300 g/m² à 25 exemplaires
Impressions de voyage, destination, le passage de la sublime porte entre Europe et Asie…
Texte, dessins et aquarelles : Hervé Grimal
38 pages dont 16 pages illustrations
Dimensions : 28 cm x 14 cm et dépliées : 10,64 m x 0,14 m
Tirage à 25 exemplaires numérotés et signés
Année : 2009
Prix : 170 euros – frais de port offerts
Turquie, impressions de voyage
Nous pénétrons en Turquie par le poste-frontière d’Ipasala, immédiatement après le pont sur la Meric. Les douaniers grecs habillés de costumes traditionnels, nous indiquent de passer d’un signe de main. Nous roulons dans un bassin d’eau : serait-ce une purification avant de rentrer en Turquie ? L’atmosphère est bien différente de l’autre côté de la frontière, soldats, mitraillettes, miradors, on se sent surveillé. Des militaires nous demandent de descendre du fourgon, de remplir des fiches et d’effectuer un inventaire exhaustif de tout ce que nous possédons. Les voyageurs sont rares, les douaniers soupçonneux prennent leur temps. Au bureau de change, nous troquons nos devises en livres turques, et reprenons la route via Istanbul. Le ruban d’asphalte file droit dans un paysage plat. Appels de phares, avertisseurs, signes de main… Je m’arrête, je fais le tour du fourgon et finalement je comprends leurs signes. Ce sont des saluts et des témoignages de bienvenue au vu de nos plaques d’immatriculation françaises ! Les kilomètres défilent. Plus nous nous approchons de l’ancienne capitale, plus la circulation est dense. Trois pistes sont banalisées sur la voie rapide, mais à cinq de front, les véhicules vont de droite à gauche, de gauche à droite, puis prennent la piste de terre longeant le macadam. Après observation du trafic, je conduis à la turque en zigzaguant ! Dans un nuage de poussière, je suis les autres engins sur la piste de terre en évitant les moutons. À l’entrée d’Istanbul, les enfants courent entre le flot grouillant de véhicules, par jeu. Dans une cacophonie de klaxons, les « dolmüs », taxis-fourgonnettes, jettent et avalent leurs passagers sans marquer d’arrêt.
Voilà, « la sublime porte entre l’Europe et l’Asie ». Sommes-nous dans un monde où le temps paraît autre ? Nous sommes au vingtième siècle, la circulation le confirme, malgré cela, le charme d’antan nous envahit peu à peu. Je pense à une pensée de Chateaubriand : « Constantinople offre le plus beau point de vue dans l’univers ». Dans cette extravagante cité, d’une intensité foisonnante, le trouble nous habite dès les premiers instants où, du haut des minarets, les voix du muezzin semblent sortir du fond des âges. Au haut Moyen et durant plusieurs siècles, Constantinople incarnait, à elle seule, le progrès humain. Son passé nous rejoint et cette insaisissable cité nous plonge dans un ravissement exotique. Lieu de tous les dangers pour Tristan, lieu de tous les clins d’œil pour Aurélie et des Mille et Une Nuits pour nous ! Ville aux sept collines (1) fondée à la jonction des trois mers, aux silhouettes de lignes courbes et de verticales, de coupoles cendrées et de minarets élancés, déroutent le regard et font perdre le sens de l’orientation… Nous laissons notre fourgon entre la gare ferroviaire au bord de la Corne d’Or et la place Eminönü et partons à la découverte de « Byzance » à pied.
L’épilogue : quelques notes, quelques traces écrites, des photos… le plaisir de revivre au présent ce périple vingt ans après et comprendre que nous étions souvent seuls étrangers itinérants à glaner et à jouir de ces surprenants instants de vie, de rencontres. Telle une résurgence, un voyage au cœur de ma mémoire où l’atmosphère, les odeurs, les couleurs sont encore bien présentes, un bonheur de repenser, de rêver à ces merveilleux moments partagés, vouloir partir pour l’Orient !
Turquie, impressions de voyage
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